Extrait livre 2 (Miroir partie 2)

Mardi 20 Novembre 2007

En écoutant Mlle Hofmann, je ne pouvais m’empêcher de constater son amertume. Elle avait à la fois eu la chance et la malchance de vivre avec un père absorbé.

L’enfant se considère à moitié abandonné -pour ne pas dire orphelin- et développe un manque affectif. Seul moyen de le combler, se réfugier dans les bras de l’autre parent : en l’occurrence, sa mère.

Lorsque celle-ci vint à mourir, le château de carte s’effondra. Et avec elle… ses rêves d’enfants.

Je lisais en elle comme dans un livre ouvert. Les caractères étaient écris en si gros qu’ils m’aspiraient.

Divorcée à trois reprises, peut-être quatre, pas d’enfants et deux chats. Sa maison est fleurie et colorée, pas de crépi… de la tapisserie partout. Des diffuseurs crachent de la senteur de Jasmin toutes les vingt minutes et des photophores colorés recouvrent la demeure.

Tout ce qui peut la rassurer est bon à prendre.

Trois fois par an, elle réunit ses amies dans le salon pour des party-lights branchés. Ensemble, elles hument à tour de rôle des bougies en chocolat -à défaut d’en manger- et se remémorent les meilleurs moments de leur vie.

Sans oublier les Post-it qu’elle colle aux endroits stratégiques : sur le miroir de la salle de bain, au chevet de son lit et sur la porte d’entrée. Des phrases réconfortantes du genre : « crois en la vie » ; « patience » ; ou encore « la lumière est bonne » doivent y figurer.

Outre la recherche du meilleur père pour ses enfants, elle convoite l’homme parfait. Le plus proche du professeur Hofmann, cela va de soi.

Ses chats, câlins et doux, sont quant à eux la copie conforme d’un Teddy bears. Ils remplacent les enfants qu’elle refuse d’élever par peur de leur inculquer, malgré elle, ses tristes phobies.

Pour terminer…

- … et c’est pour le moins étrange, vous ne croyez pas ? J’ai dit… vous ne croyez pas ? insista-t-elle ?

- Mmhhh, pardon !

- Vous n’avez rien écouté de ce que je vous ai dit, n’est-ce pas ?

- Si, bien sûr ! Euh… Votre papa est décédé étrangement.

- C’est tout ! s’exclama-t-elle.

- Excusez-moi j’étais… absorbé par…

- Et les militaires ?

J’achèverai son profil une autre fois.

Pour faire court elle avait souffert d’un manque paternel évident, mais je vous l’accorde, cela n’excuse rien. Elle s’était néanmoins renfermée dans sa coquille et ses opinions. Retranchée et résolue. Mlle Hofmann avait donc appris à vivre sans lui, certes, mais le savoir vivant la rassurait. Après tout, il pouvait débarquer à n’importe quel moment !

Le décès de son père l’avait anéantie. Et bientôt, de nouvelles responsabilités allaient poindre, c’est la raison pour laquelle elle s’était inventé une mission. La déception n’était plus envisageable et…

- Vous recommencez ! chantonna-t-elle en s’asseyant.

- Navré.

Je stoppai net ma ronde et m’assis à mon tour. Puis en fixant Mlle Hofmann, je lâchai :

- Les militaires ! Quels militaires ?

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