Extrait livre 2 (Diabolica)

Mardi 20 Novembre 2007

Desmond décrivait avec une extrême précision l’horrible et lente agonie de ses victimes. Et au passage les supplices et sévices sexuels infligés à ces chérubins sans défense. Uniquement des garçons. Les flagellations pouvaient durer plusieurs heures, la plupart du temps elles étaient post-mortem. Desmond en avait conscience et c’était vraisemblablement ce qui lui attribuait tout plaisir. Il poussait l’affront jusqu’à détailler l’état du corps des enfants après leur mort. Crâne défoncé à coup de ciseau à bois, membre broyé par une masse, cœur arraché. Ces mutilations assénées sur des corps sans vie n’avaient aucun sens.

La cruauté en a-t-elle ?

.........

Une semaine plus tard, vers République, le 31 mars 2005.

- Merci d’être venu Bradach, s’écria Alain devant l’appartement 222. 13, rue du Temple. Je voudrais te présenter à…

Un homme avec une énorme croix sur le ventre. L’air sévère, chemise grise et lunettes, le type même du curé en civil.

- Mon père, larguai-je en interrompant Alain.

- Il m’épatera toujours, ce gars, expédia-t-il. Mais le père Vincent n’est pas mal non plus dans son genre, tu verras. Vous devriez bien vous entendre.

- Votre réputation n’a jamais pris un pli. Je suis ravi de vous rencontrer, monsieur Williams, dit-il en me présentant une main ferme. Cependant, je ne voudrais pas froisser la demoiselle mais… il vaut mieux qu’elle reste ici, ajouta-t-il en regardant Johnson.

- Je suis peut-être une femme mais je sais à quoi ressemble un cadavre, s’écria-t-elle, presque vexée.

J’ignore où se posa le regard de Johnson lorsqu’elle entra en trombe dans le studio. À gauche se trouvait la dépouille d’un homme nu d’une trentaine d’années. À droite, sa tête gravée du nombre 666.

Johnson vomit en un quart de seconde et ressortit aussi sec. En d’autres circonstances, j’aurai ri. Là, je n’ai même pas souri.

Duval, le médecin légiste, était déjà sur les lieux. Lorsqu’il me vit, il ne put s’empêcher de lâcher :

- Salut Bradach ! Comme tu vois… j’essaie de recoller les morceaux ! cracha-t-il en mâchouillant un chewing-gum.

Une demi-douzaine de policiers l’aidaient dans sa tâche, les photos fusaient. L’un deux scruta même le rendu de Johnson comme une pièce à conviction avant de se décider à nettoyer.

À ce niveau de l’enquête, une seule question me vint à l’esprit : mais qu’avait-elle mangé, enfin ?

Des coupures de journaux recouvraient le plancher, des tas de Kleenex et autres mouchoirs en tissus jonchaient ce cloaque. Des immondices difficilement descriptibles.

Je dois avouer que je n’avais jamais rien vu de tel. Mes yeux s’efforcèrent de rester ouverts. Une puanteur se dégageait dans toute la pièce, les mouches avaient déjà envahi les lieux. Le studio était maculé de sang : sur les murs, les fenêtres, la table, la cuisine…

Une phrase en surbrillance, comme surgie de l’enfer, s’étalait sur les parois : « Que celui qui a de l’intelligence calcule le nombre de la Bête. Car c’est un nombre d’homme, et son nombre est six cent soixante six ». D’ailleurs, ce nombre maléfique était estampillé aux quatre coins des murs.

Plusieurs pentacles de différentes grandeurs et formes se répandaient encore sur les murs du studio. Les mots Hex, Jésus, Set, Bible, démons, ange Gabriel, Lucifer et j’en passe. Pas un centimètre carré n’était épargné.

Le sang de la victime recouvrait littéralement l’endroit, l’assassin l’avait utilisé en guise de peinture.

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