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Quatrième de couverture. Livre 2: L'homme aux cent démons

Lundi 28 Avril 2008

Figure mythique et incontournable du tout paris, le détective privé, Bradach, a encore fait parler de lui hier soir. « Un accident stupide ! » furent les mots prononcés par Johnson, son bras droit. Transporté d’urgence à l’hôpital de l’Hôtel-Dieu, Bradach lutte encore pour survivre. Brillant observateur, perspicace, mystérieux, envoutant, sa perte nous condamnerait inexorablement.
Désormais assisté de Johnson, Bradach affronte ses démons intérieurs. Il a voyagé au plus profond de son être, mais a-t-il ramené ce qu’il n’aurait jamais dû réveiller ? Est-il complètement remis ? Ce voyage dans un monde parallèle l’a-t-il transformé ? Quelles peuvent être les incidences sur ses prochaines investigations ?
Johnson n'a décidément pas fini de surprendre Bradach. Au fait ! Qui est-ce vraiment ?
Chaque enquête est une histoire en soi. Mais également la pièce d’un puzzle dessinant un autre paysage aux frontières du surnaturel…

Des questions ? Posez-les sur www.bradach.fr

Extrait livre 2 (Parfum de femme)

Mardi 20 Novembre 2007

Lundi 25 avril 2005, Suisse, dans le canton du Valais. Petite ville de 17’000 habitants où tout le monde se connaît : Sierre. Sierre, située dans la vallée du Rhône, connue pour ses belles pêches, son vin délicieux et son calme légendaire.

Les habitants y naissent, y prospèrent… et y meurent. Rien ni personne ne trouble la quiétude d’un Valaisan, c’est un être à part.

Sierre pourrait s’apparenter au purgatoire : entre le paradis et l’enfer. Un cocon qu’on ne quitte pas facilement, une sorte de prison dorée. N’est-elle pas surnommée « Sierre l’agréable ? » Ville fantôme, corrompue et mafieuse où justement… il y fait bon vivre.

Depuis quelques temps, des disparitions inquiètent la police cantonale, et plus particulièrement une jeune inspectrice prenant ses fonctions. Une certaine Joceline Caisseux.

Du genre plutôt méthodique et consciencieuse, surtout lorsqu’elle fait le ménage… dans son appartement.

C’est pourtant elle qui a constaté certaines similitudes avec une affaire datant de mars 1985. Un modus opérandi identique, malgré une technique différente.

Vingt ans séparaient les deux dossiers. Les techniques s’améliorent mais les intentions restent les mêmes. Tuer pour le plaisir.

L’inspecteur Caisseux invita donc Bradach à se joindre à leur enquête, histoire de la boucler avant qu’elle ne fasse trop parler d’elle. C’est ainsi que nous arrivâmes dans cette petite bourgade.

Extrait livre 2 (Miroir partie 2)

Mardi 20 Novembre 2007

En écoutant Mlle Hofmann, je ne pouvais m’empêcher de constater son amertume. Elle avait à la fois eu la chance et la malchance de vivre avec un père absorbé.

L’enfant se considère à moitié abandonné -pour ne pas dire orphelin- et développe un manque affectif. Seul moyen de le combler, se réfugier dans les bras de l’autre parent : en l’occurrence, sa mère.

Lorsque celle-ci vint à mourir, le château de carte s’effondra. Et avec elle… ses rêves d’enfants.

Je lisais en elle comme dans un livre ouvert. Les caractères étaient écris en si gros qu’ils m’aspiraient.

Divorcée à trois reprises, peut-être quatre, pas d’enfants et deux chats. Sa maison est fleurie et colorée, pas de crépi… de la tapisserie partout. Des diffuseurs crachent de la senteur de Jasmin toutes les vingt minutes et des photophores colorés recouvrent la demeure.

Tout ce qui peut la rassurer est bon à prendre.

Trois fois par an, elle réunit ses amies dans le salon pour des party-lights branchés. Ensemble, elles hument à tour de rôle des bougies en chocolat -à défaut d’en manger- et se remémorent les meilleurs moments de leur vie.

Sans oublier les Post-it qu’elle colle aux endroits stratégiques : sur le miroir de la salle de bain, au chevet de son lit et sur la porte d’entrée. Des phrases réconfortantes du genre : « crois en la vie » ; « patience » ; ou encore « la lumière est bonne » doivent y figurer.

Outre la recherche du meilleur père pour ses enfants, elle convoite l’homme parfait. Le plus proche du professeur Hofmann, cela va de soi.

Ses chats, câlins et doux, sont quant à eux la copie conforme d’un Teddy bears. Ils remplacent les enfants qu’elle refuse d’élever par peur de leur inculquer, malgré elle, ses tristes phobies.

Pour terminer…

- … et c’est pour le moins étrange, vous ne croyez pas ? J’ai dit… vous ne croyez pas ? insista-t-elle ?

- Mmhhh, pardon !

- Vous n’avez rien écouté de ce que je vous ai dit, n’est-ce pas ?

- Si, bien sûr ! Euh… Votre papa est décédé étrangement.

- C’est tout ! s’exclama-t-elle.

- Excusez-moi j’étais… absorbé par…

- Et les militaires ?

J’achèverai son profil une autre fois.

Pour faire court elle avait souffert d’un manque paternel évident, mais je vous l’accorde, cela n’excuse rien. Elle s’était néanmoins renfermée dans sa coquille et ses opinions. Retranchée et résolue. Mlle Hofmann avait donc appris à vivre sans lui, certes, mais le savoir vivant la rassurait. Après tout, il pouvait débarquer à n’importe quel moment !

Le décès de son père l’avait anéantie. Et bientôt, de nouvelles responsabilités allaient poindre, c’est la raison pour laquelle elle s’était inventé une mission. La déception n’était plus envisageable et…

- Vous recommencez ! chantonna-t-elle en s’asseyant.

- Navré.

Je stoppai net ma ronde et m’assis à mon tour. Puis en fixant Mlle Hofmann, je lâchai :

- Les militaires ! Quels militaires ?

Extrait livre 2 (Miroir partie 1)

Mardi 20 Novembre 2007

Septembre, c’est le mois de la reprise : Les journées sont plus courtes, le froid gagne du terrain et quelques grandes surfaces annoncent déjà noël. Soupir.

Les vacances font désormais partie du passé. L’été 2005 restera dans nos souvenirs… pour quelques jours encore.

Courage, plus que onze petits mois avant les prochaines !

La croisière en Méditerranée fut enrichissante. Elle me permit entre autre de découvrir une Johnson pied en éventail. Allongée sur un transat orienté face soleil, dans son costume de bains deux pièces sexy à mourir, elle se dorait tel un croissant.

Dans le transat d’à côté, avec mon bermuda d’époque, j’étais comme l’âne de Buridan. Incapable de choisir l’horizon à admirer…

Le panorama était mirifique et mes yeux en profitèrent. Je regardais les reliefs qui s’offraient à moi comme s’il s’agissait de la dernière fois.

Le vent semblait favorable, le bateau fendait la mer à une vitesse folle. Sur la proue, les gens se pressaient pour apercevoir des dauphins. L’air était à la fois humide et chaud. Mes poumons se demandèrent d’ailleurs où était passé tout l’oxyde de carbone si familier.

Les souvenirs de mon voyage de noce me revinrent inévitablement.

Trois semaines de calme au milieu de nulle part. Sans tintamarre de klaxon et autres noms d’oiseau éructés par des chauffards nerveux. Sans les gling-gling des bus. Sans cette vie parisienne où même les pigeons sont devenus nerveux.

Depuis ma bibliothèque, alors que je me repassais en boucle les noces de Figaro, j’entendais les marteaux-piqueur, les cris d’enfants turbulents dans la rue et les chiens qui aboient. Comment ne pas devenir fou ? Et pourtant… ces bruits néfastes et journaliers me manquaient.

Bienvenue à Paris.

Extrait livre 2 (Hurricaine)

Mardi 20 Novembre 2007

Je m’enfonçai de plus en plus dans mon fauteuil en moleskine préféré. Tel un octogénaire sénile, j’attendais la permission de dormir, une coulée de bave au menton.

J’espérai que nous n’aurions pas à découvrir un autre cadavre pour compléter le puzzle. Mais que pouvions-nous faire d’autre ?

Des éléments concrets nous manquaient, la patience devenait de rigueur. Je déplorais cette solution que quiconque aurait jugé lâche mais l’expérience m’avait démontré plus d’une fois que le repos était salutaire. J’avais tout à y gagner.

D’ailleurs la nuit venait de tomber et mes paupières devinrent subitement lourdes. Je luttai. Et par moments avec un seul œil ouvert. Je parodiais un hibou malgré moi. Dormir ou rester éveillé ? La question ne se posait bientôt plus. Mes yeux fatigués aperçurent deux Johnson et un Desmond qui ricanait en buvant du sang.

Je dormais déjà.

...........

Le jugement dernier. Tout le monde en avait entendu parler une fois, mais à quoi ressemblait-il vraiment ?

Tel un prophète, Pascal prononça d’une voix calme :

- Au sommet de son trône, Dieu patiente. Une lumière blanchâtre et scintillante émane tout autour de lui. Au son d’une mélodie enchanteresse il prononce à votre venue le discours suivant : « Je reconnais que l’humanité est capable du bon comme du meilleur. Mon jugement final n’aura donc pas lieu. Grâce à un seul homme, grâce à vous, Bradach. Mon apocalypse s’éteint à l’instant même. Je jugerai à nouveau les hommes dans quelques siècles. »

Extrait livre 2 (Diabolica)

Mardi 20 Novembre 2007

Desmond décrivait avec une extrême précision l’horrible et lente agonie de ses victimes. Et au passage les supplices et sévices sexuels infligés à ces chérubins sans défense. Uniquement des garçons. Les flagellations pouvaient durer plusieurs heures, la plupart du temps elles étaient post-mortem. Desmond en avait conscience et c’était vraisemblablement ce qui lui attribuait tout plaisir. Il poussait l’affront jusqu’à détailler l’état du corps des enfants après leur mort. Crâne défoncé à coup de ciseau à bois, membre broyé par une masse, cœur arraché. Ces mutilations assénées sur des corps sans vie n’avaient aucun sens.

La cruauté en a-t-elle ?

.........

Une semaine plus tard, vers République, le 31 mars 2005.

- Merci d’être venu Bradach, s’écria Alain devant l’appartement 222. 13, rue du Temple. Je voudrais te présenter à…

Un homme avec une énorme croix sur le ventre. L’air sévère, chemise grise et lunettes, le type même du curé en civil.

- Mon père, larguai-je en interrompant Alain.

- Il m’épatera toujours, ce gars, expédia-t-il. Mais le père Vincent n’est pas mal non plus dans son genre, tu verras. Vous devriez bien vous entendre.

- Votre réputation n’a jamais pris un pli. Je suis ravi de vous rencontrer, monsieur Williams, dit-il en me présentant une main ferme. Cependant, je ne voudrais pas froisser la demoiselle mais… il vaut mieux qu’elle reste ici, ajouta-t-il en regardant Johnson.

- Je suis peut-être une femme mais je sais à quoi ressemble un cadavre, s’écria-t-elle, presque vexée.

J’ignore où se posa le regard de Johnson lorsqu’elle entra en trombe dans le studio. À gauche se trouvait la dépouille d’un homme nu d’une trentaine d’années. À droite, sa tête gravée du nombre 666.

Johnson vomit en un quart de seconde et ressortit aussi sec. En d’autres circonstances, j’aurai ri. Là, je n’ai même pas souri.

Duval, le médecin légiste, était déjà sur les lieux. Lorsqu’il me vit, il ne put s’empêcher de lâcher :

- Salut Bradach ! Comme tu vois… j’essaie de recoller les morceaux ! cracha-t-il en mâchouillant un chewing-gum.

Une demi-douzaine de policiers l’aidaient dans sa tâche, les photos fusaient. L’un deux scruta même le rendu de Johnson comme une pièce à conviction avant de se décider à nettoyer.

À ce niveau de l’enquête, une seule question me vint à l’esprit : mais qu’avait-elle mangé, enfin ?

Des coupures de journaux recouvraient le plancher, des tas de Kleenex et autres mouchoirs en tissus jonchaient ce cloaque. Des immondices difficilement descriptibles.

Je dois avouer que je n’avais jamais rien vu de tel. Mes yeux s’efforcèrent de rester ouverts. Une puanteur se dégageait dans toute la pièce, les mouches avaient déjà envahi les lieux. Le studio était maculé de sang : sur les murs, les fenêtres, la table, la cuisine…

Une phrase en surbrillance, comme surgie de l’enfer, s’étalait sur les parois : « Que celui qui a de l’intelligence calcule le nombre de la Bête. Car c’est un nombre d’homme, et son nombre est six cent soixante six ». D’ailleurs, ce nombre maléfique était estampillé aux quatre coins des murs.

Plusieurs pentacles de différentes grandeurs et formes se répandaient encore sur les murs du studio. Les mots Hex, Jésus, Set, Bible, démons, ange Gabriel, Lucifer et j’en passe. Pas un centimètre carré n’était épargné.

Le sang de la victime recouvrait littéralement l’endroit, l’assassin l’avait utilisé en guise de peinture.

Extrait livre 2 (L'important d'être Constance)

Mardi 20 Novembre 2007

D’un revers de manche, j’essuie l’écume naissante au coin de ma bouche, de l’autre la sueur qui perle à mon front.

Je pouvais combattre le crime, mes éventuels détracteurs, éviter un bain de sang ou encore torturer un assassin. Être en présence de la pire des crapules sans sourcilier, mais face à une femme telle que Johnson !

Je suis blindé contre l’horreur, non contre la beauté.

Sa chevelure chatoyante, ocre et bouclée, sa poitrine proéminente, sa bouche mi-ouverte, à peine humide, comme en attente, ses dents d’une extrême blancheur et sa langue d’un rose étourdissant.

Suffisamment près d’elle pour sentir son souffle, je m’accroche pour ne pas sombrer. Chaud, sucré, plus enivrant qu’un parfum. Je combats cette envie irrépressible de la humer tel un animal sauvage.

..........

Je comprends alors que, pour lui, la mort est aussi importante que la vie, peut-être même un peu plus. C’est en elle qu’il trouve parfois l’inspiration, ces staccatos en sont la preuve. La tristesse, la haine, la mélancolie sont nettement plus importante dans ces opéras que la joie.

L’art de humer chaque note, de les dépouiller avec délicatesse pour en extraire l’essence, de les polir pour en retirer toute la pureté, la magnificence, la légèreté avant de finalement les souffler sur du papier à musique.

Le poids de nos soucis sur les épaules, la fatigue et la charge de notre travail, la souffrance de la vie : autant de problèmes insurmontables qui s’effacent à l’écoute des premières notes d’un menuet.

Transporté par l’émotion.

Meurtri par un chagrin d’amour.

Un trop-plein d’images traverse mon esprit.

Je redécouvre La Flûte enchantée et je fonds en larmes.

Quatrième de couverture. Livre 1: L'homme aux mille mystères

Dimanche 29 Octobre 2006

- Bradach ?
- Comment, vous ne connaissez pas encore Bradach ? Alors ouvrez bien vite ce livre et vous découvrirez un collègue de Columbo, de Bourrel et de Maigret, à l'allure très « british », d'un pittoresque saisissant.
Ce Franco-Suisse, qui voue à son père une grande admiration, polyglotte et perspicace, partage son temps entre Paris, Lausanne et Londres où il a, dirons nous, ses habitudes.
Et personne ne s'étonne de le voir déguster un thé au tea-room « Chez Tony », rue du Bourg, dans la capitale vaudoise, de l'entendre palabrer au café des philosophes à Genève ou de savourer un chocolat au Café Mozart près de Hyde Park. Mais il est, le plus souvent, au restaurant urbietorbi, 93 rue Montmartre.
Ce détective privé qui compte plus de mille enquêtes à son actif habite en effet à Montmartre la maison familiale au coin de la rue des Saules et de la rue Cortot. C'est là qu'il renferme ses documents, qu'il réfléchit, suppute, déduit, contemplant les toits de Paris dans un confort tout britannique.
Il lui prit l'envie folle de raconter quelques-unes de ses enquêtes. Là, il est intarissable ! Ce sont les plus récentes bien sûr, les 900 à 907, et sa mémoire est infaillible, surtout pour conter ses enquêtes paranormales. Chacune d'elles est un monde à part, où s'agitent des personnages inquiétants et peu banals, dont il démonte, devant vous, les rouages et la psychologie disséquant l'un confondant l'autre… et le voilà qui s'anime, mime les dialogues, incisif, percutant, rapide et même, il vous interpelle:
- Eh lecteur, n'est-ce pas qu'au début j'avais raison ?
- Vous comprenez ce qu'il dit ce gaillard là ?
Tout cela, dans un mélange de patois vaudois et d'anglicisme montmartrois !
On se souvient de Bradach et de ses aventures, croyez-moi !

Extrait livre 1 (Frayeur)

Dimanche 29 Octobre 2006

J’avais hâte d’aller me coucher cette nuit-là, il était déjà presque minuit et la journée avait été plutôt éreintante. Tout le monde dormait déjà depuis longtemps, je les avais achevés avec une de mes histoires !

D’ailleurs, celle que je vais vous conter à présent se passa à l’époque où ma chère épouse souffrait encore de ses insomnies, et vous comprendrez pourquoi elle éveille toujours en moi des souvenirs que je pensais avoir enfouis ! Mais je ne puis m’en blâmer, je n’y arrive pas. Vous ne pouvez comprendre, vous qui lisez ces quelques lignes, ce qu’est l’amour sans l’avoir vécu. Quoi que je fasse, quoi que je dise… mon épouse restera toujours jeune dans un coin de ma tête. C’est peut-être cela avoir de l’imagination ! Les souvenirs sont essentiels dans la vie d’un homme ! on peut tout lui prendre, tout lui arracher mais… personne ne pourra jamais lui voler son vécu. Et comme disait un grand sage : Parfois il faut savoir toucher le fond pour atteindre les sommets.

Je me dirigeais vers la chambre, heureux d’y trouver un lit déjà chaud, lorsque j’entendis des pas vers la porte d’entrée. J’ignorais s’il s’agissait d’un clochard, d’un artiste ou d’un touriste égaré ! Quoi qu’il en soit mon intuition me dit, en ouvrant la porte, que je ne dormirais pas cette nuit…

Extrait livre 1 (Sang pour sang)

Dimanche 29 Octobre 2006

Je n’attendais plus rien de la vie, j’estimais qu’il était inutile de gaver un âne qui n’a plus soif. Ma quête se résumait à une seule phrase : « Qui suis-je ? » Depuis des années je cherche sans trop de résultat, c’est harassant et grisant. Je ne puis continuer ainsi, je ne cesse de me tourmenter depuis des lunes. Je me souviens que l’on se moquait de moi, je les entendais rire et chanter dans la rue ; d’autant plus lorsqu’ils passaient à ma hauteur. Je suis resté sur cette place si longtemps, perdu et assoiffé, comme un manant avec cet écriteau : « Si tu sais quelque chose, je suis tout ouïe mon brave ; sinon passe ton chemin. » Rien ne m’apaisait, j’étais entre la vie et la mort, et justement elle aurait dû me prendre voilà déjà trois siècles. J’ai essayé de comprendre au début, croyez-moi ! Je prenais même toutes les précautions pour ne rien révéler en me disant que quelqu’un, tôt ou tard, finirait par comprendre de quoi je parle.

Quel idiot ! À la place ils m’enfermèrent comme un malpropre pour m’oublier dans un cachot. Pourquoi ? Parce que j’étais différent et aucunement dans la norme, voilà tout ! Est-ce un si grand péché que d’être différent ? Bien sûr que non, mais à l’époque on vous enfermait pour un rien ! Détail si futile qui n’a pourtant point échappé aux yeux de la garde du roi. Ma façon d’être me punit en somme, et mon périple commença…

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